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Gérer la douleur avec l’hypnose

La gestion de la douleur par l’Hypnose suscite de plus en plus l’intérêt des professionnels de la santé et aujourd’hui, nombreux sont les hôpitaux qui décident de former leur personnel soignant à l’utilisation des outils de l’Hypnose afin de proposer aux patients une prise en charge plus adaptée.

Ces techniques visant la gestion de la douleur sont très intéressantes car :

–          elles sont simples et rapides à mettre en place

–           le patient peut apprendre à les mettre en place lui-même quand il en a besoin

–           elles évitent les éventuelles complications pouvant  résulter de l’utilisation de produits chimiques (anesthésiants, antidouleurs) : effets secondaires, intolérances, allergies, difficultés liées à l’accoutumance, surtout en cas de douleurs chroniques.

La gestion de la douleur, également appelée hypno-analgésie, est la réduction du signal de la douleur.

La douleur est comme un signal d’alarme : l’Inconscient nous prévient que quelque chose ne va pas, qu’il faut se soigner et régler le problème. Et ce signal est souvent très efficace !

La douleur est donc très utile. Elle nous sauve la vie !

Mais une fois que ce signal nous a renseignés et que nous faisons le nécessaire pour nous soigner, il n’est sans doute pas toujours nécessaire de souffrir.

Pour ma part, je rappelle toujours l’utilité de la douleur à mes clients pour qu’ils comprennent que la douleur, leur pire calvaire, est en fait leur meilleure alliée, ou en tout cas l’a été à un certain moment de leur vie.

Il ne reste plus qu’à contacter l’Inconscient pour le remercier, lui expliquer qu’on a bien compris et que puisqu’on se soigne, il peut faire disparaître cette douleur.

Il est alors important de placer un fusible qui le rassure : Si pour une raison, ou pour une autre, il lui paraît important de signaler de nouveau un problème (rechute, aggravation, mauvaises décisions…), alors la douleur peut revenir et faire son travail ! Cette étape me paraît extrêmement importante et selon moi, l’efficacité des techniques ci-dessous en dépend.

Une autre étape préparatoire importante est l’évaluation du niveau de douleur. Il faut proposer au sujet d’évaluer sa douleur de 0 à 10, zéro étant l’absence de douleur et 10 étant le niveau où la douleur est intolérable pour le sujet.

 

Comment fait-on pour réduire (voire même faire disparaître) la douleur ?

  

1-    LA SUGGESTION DIRECTE

Cela peut vous sembler stupide mais parfois, il suffit de le demander à l’Inconscient ! Par suggestion directe, par exemple, cela fonctionne très souvent. Cela nécessitera souvent un état hypnotique, à proprement parler. Sous hypnose, on pourra par exemple demander à l’Inconscient de faire disparaître la douleur durant la séance et de généraliser cet état à l’aide d’une suggestion post-hypnotique dont le déclencheur sera la survenue de la douleur et dont l’effet programmé pourrait être de se détendre (par exemple, si la douleur augmente avec le stress ou la crispation)  ou de générer une analgésie ou encore une distorsion du temps (l’impression que le temps passe plus vite lors d’une crise et ralentit lorsque tout va bien).

Cela présente l’intérêt d’automatiser la gestion de la douleur.

En tout état de cause, il sera judicieux de suggérer cette automatisation, quelle que soit la technique utilisée, toujours en association avec le fusible que j’évoquais plus haut.

La douleur ressentie se compose de la douleur « réelle » (si tant est qu’on puisse l’appeler comme ça), de la douleur remémorée (mémoire de la douleur déjà vécue par le passé) et de la douleur anticipée. Ces deux dernières seraient la cause de 2/3 de la douleur ressentie. Autant dire qu’un travail sur ces points peut s’avérer très utile ! La gestion de la douleur passe souvent par celle des facteurs émotionnels qui peuvent générer de la douleur ou qui participent activement à son maintien.

2- LA METAPHORE

Pour ma part, j’aime beaucoup utiliser la métaphore pour gérer la douleur.

  •  Utiliser la métaphore du sujet:

C’est sans doute l’approche la plus efficace car le sujet décrit la douleur telle qu’il la conçoit dans sa tête, au plus près de ce qu’il ressent, et propose sa solution de la même manière !

Par exemple : «  J’ai la tête dans un étau », « j’ai une aiguille dans la tête qui me pique», « C’est comme des flammes qui brûlent dans ma poitrine », « J’ai un nœud au niveau du dos »…

Important : Si le sujet n’apporte pas de métaphore, il est assez simple de l’y amener. Il suffit de lui demander : « Et cette douleur à l’épaule, c’est comme quoi ? ».

Le « C’est comme quoi ? » pousse implicitement le sujet à se référer à la métaphore qu’il estime la plus proche possible de ce qu’il ressent, pour nous le faire comprendre.

Je vous recommande d’inviter le sujet à décrire le plus précisément possible l’objet de sa métaphore (ex : A quoi ressemble ce nœud ? », « Comment est cette aiguille exactement ? »).

Il faut, bien entendu, accepter pleinement et utiliser la métaphore du sujet et lui demander ce qu’il veut faire de ce nœud, de cette aiguille…

S’il veut s’en débarrasser, on lui demande quel est le meilleur moyen selon lui, pour s’en débarrasser. Après qu’il nous ait décrit lui-même le moyen idéal (exemple : « Je dénoue le nœud qui ressemble à une pelote de laine », « Je retire l’aiguille », « Je jette un seau d’eau sur les flammes »…), on lui demande de le faire et d’être attentif à ce qui a changé à l’intérieur.

NB : Le simple fait de lui demander d’imaginer ce moyen le projette dans la réalisation de sa solution. Pour nous le décrire, il faut qu’il s’imagine en train de le faire.

On lui demande enfin d’évaluer de nouveau de 0 à 10 le niveau de douleur pour constater l’évolution.

Si la douleur a diminué mais est encore présente, on peut demander « et maintenant, c’est comment ? » et recommencer à agir sur la même métaphore ou sur une autre (selon ce qu’amène le sujet), jusqu’à ce que le sujet atteigne un niveau de douleur acceptable pour lui.

  • Utiliser certaines métaphores efficaces

Utiliser la métaphore du sujet est préférable car c’est souvent plus efficace.

Néanmoins, vous pouvez également lui proposer une métaphore, notamment pour gagner du temps.

Vous trouverez sans doute sur d’autres sites les techniques du gant de boxe ou du disjoncteur. Je ne m’attarderai donc pas dessus, mais sachez qu’elles sont très efficaces.

Les métaphores ci-dessous sont très efficaces avec les personnes qui visualisent assez facilement.

Voici le détail des techniques :

1-    La Gomme Magique

C’est une technique à l’efficacité redoutable !

–          Le sujet peut avoir les yeux fermés, ce qui peut faciliter la visualisation

–          Evaluation du niveau de douleur de 0 à 10 (cf plus haut)

–          Demander au sujet de localiser mentalement, le plus précisément possible, la zone où il ressent la douleur qu’il veut supprimer

–          Lui demander d’entourer mentalement la douleur, de l’encercler, comme s’il avait un marker ou un feutre dans la tête qui lui permet de le faire

–          Demander au sujet de serrer le plus fort possible le bout de son pouce contre le bout de l’index de la même main, « comme s’il serrait une gomme entre ses doigts ».

–          Suggérer qu’en serrant ainsi, progressivement, la sensibilité au niveau des doigts va disparaître et qu’il est fort possible que très rapidement, il sera difficile de savoir où commence le pouce et où termine l’index, ou où commence l’index et où termine le pouce. Comme si les doigts fusionnent et forment un tout. Lui demander de faire un signe de tête quand c’est le cas.

–          Lui demander d’imaginer qu’entre ces doigts serrés, il peut y avoir une gomme, à la fois dure et à la fois molle. Lui demander de faire un signe de tête quand c’est le cas.

–          Demander de tenir la position pendant que l’Inconscient amplifie cette sensation.

–          Revenir à la zone délimitée de la douleur et demander au sujet de visualiser des gribouillis faits au crayon de papier sur toute cette zone. « Et sans doute avez-vous déjà raturé, gribouillé avec un crayon de papier sur une page blanche…Et voyez comment ces gribouillis peuvent représenter cette douleur que vous voulez supprimer… et ces gribouillis peuvent être denses, épais, noirs et sales ou au contraire secs et aérés… et ils peuvent être denses à certains endroits et aérés à d’autres endroits… ». Lui demander de faire un signe de tête quand il visualise bien ces gribouillis qui représentent sa douleur.

–          Demander à l’Inconscient d’utiliser la gomme magique qui se trouve entre les deux doigts pour gommer tous les gribouillis (important : ne plus parler de douleur) : « Et l’Inconscient peut commencer à gommer les gribouillis avec cette gomme magique… Et plus il les gomme, et plus la main fait des mouvements de gauche à droite et de bas en haut…dans tous les coins…partout où c’est nécessaire… »

NB : Utiliser des mots comme « gommer », « nettoyer », « supprimer », « purifier », « immaculé », « page blanche », « faire disparaître ». Bien demander au sujet de veiller à ce que tous les gribouillis s’effacent au fur et à mesure et qu’il n’en reste aucun.

–          Suggérer que « les mains s’arrêtent de bouger lorsque l’Inconscient a gommé tous les gribouillis et que tout est propre, nettoyé, pur, laissant place à une page blanche sur laquelle le sujet peut écrire une nouvelle histoire où tout reste à faire… dans le calme et la sérénité… comme une paix intérieure…etc… »

–          Evaluation du niveau de douleur de 0 à 10

NB : J’utilise cette technique pour d’autres choses que la douleur : le siège d’une compulsion, un manque, une mauvaise habitude, le manque de confiance en soi, une idée noire, un traumatisme… Puisque cela fonctionne pour la douleur, vous conviendrez que cela peut fonctionner pour tout, dès lors que le sujet localise l’élément à gommer et agit dessus.

Cette technique donne d’excellents résultats.

2-    La couleur et autres sous-modalités

Il s’agit d’un travail sur les sous-modalités, c’est-à-dire les éléments que notre cerveau utilise pour encoder une information (la douleur en étant une).

Je commence souvent par cette technique car elle est extrêmement rapide à mettre en place et suffit bien souvent. Rien ne vous empêche de cumuler celle-ci et une autre.

Le début du protocole est le même que celui de la gomme magique :

–          Le sujet peut avoir les yeux fermés, ce qui peut faciliter la visualisation

–          Evaluation du niveau de douleur de 0 à 10 (cf plus haut)

–          Demander au sujet de localiser mentalement, le plus précisément possible, la zone où il ressent la douleur qu’il veut supprimer

–          Lui demander d’entourer mentalement la douleur, de l’encercler, comme s’il avait un marker ou un feutre dans la tête qui lui permet de le faire

–          Demander au sujet quelle couleur lui évoque cette douleur.

NB : Dans 99% des cas, c’est rouge…

–          Lui demander de bien visualiser cette couleur (rouge dans l’exemple) sur toute la zone qu’il a délimitée. Signe de tête quand c’est OK.

–          Lui demander d’incorporer un peu de blanc dans le rouge. « Et je ne sais pas si c’est comme une goutte de peinture blanche qui vient se mélanger progressivement au rouge…ou si c’est juste un rouge qui devient un peu moins rouge… et le rouge devient de plus en plus rose… et ajoutez encore du blanc…de plus en plus de blanc dans ce rose…et le rose est de plus en plus pâle…et petit à petit…jusqu’à ce qu’on devine à peine que cela n’a pas toujours été aussi blanc… et quand c’est complètement blanc…immaculé…alors vous pouvez me faire un signe de tête… »

–          Evaluation du niveau de douleur de 0 à 10 (cf plus haut)

–          Si la douleur est encore présente, lui demander « Tu veux poursuivre pour être davantage confortable ? » « OUI », « Tu es sûr ? », « OUI », « Alors, on y va ? », « OUI ».

NB : On appelle ces trois « OUI », un yes set. Cela met le sujet en condition pour accepter ce que vous allez lui proposer par la suite car il est entraîné à dire oui, à accepter vos suggestions.

–          Lui proposer de « réduire mentalement la zone de couleur blanche, pour obtenir une petite pièce blanche de quelques centimètres… par exemple  2 ou 3 cm… peut-être moins… », éventuellement en s’aidant des mains pour montrer la progression de cette réduction.

–          Quand la zone blanche est toute petite, demander au sujet de la déplacer mentalement hors du corps. Il faut y aller progressivement. Lui demander d’abord de la déplacer de quelques centimètres, puis de la faire glisser (ou couler, comme une goutte de peinture blanche) le long des jambes, puis jusqu’aux pieds, pour enfin continuer son chemin jusque dans le sol où cette goutte continue à descendre, comme attirée vers le centre de la terre…etc…

–          Evaluation du niveau de douleur de 0 à 10 (cf plus haut)

J’espère que ces techniques vous permettront de gérer efficacement vos douleurs ou celles de vos proches.