Les professionnels de la psychothérapie connaissent bien l’importance des croyances.
C’est en fait une notion tellement importante qu’elle devrait être enseignée dans nos lycées.
A vrai dire, la première fois que j’en ai entendu parler, j’ai sous-estimé leur importance.
Aujourd’hui, je sais qu’elles sont sans doute les éléments de la communication les plus importants qui permettent de changer et d’aller mieux. Toute psychothérapie devrait débuter par une analyse (et le cas échéant, par le traitement) des croyances des patients.
Les croyances déterminent ce qu’une personne peut ou sait faire, peut dire, avec qui, quand, etc… Elles conditionnent même l’apparition d’une guérison…ou de symptômes !
Pour illustrer ce propos, il suffit de citer cette fameuse expérience médicale menée en 1983 par le British Stomach Cancer Group sur 411 patients atteints d’un cancer. On a proposé d’administrer à ces derniers un nouveau traitement de chimiothérapie, et on leur a expliqué qu’ils devaient s’attendre à perdre leurs cheveux, et qu’ils auraient probablement des nausées. Mais au lieu de donner véritablement ce médicament à certains d’entre eux, on leur a donné un placebo, c’est-à-dire un substitut du médicament réel ne contenant aucune substance active, mais fonctionnant uniquement parce que le patient croit qu’il est soigné. Plus de 30% des patients à qui l’on avait administré ce faux médicament ont effectivement perdu leurs cheveux, tandis que 56% d’entre eux ont des vomissements. Etonnant de constater à quel point ce qu’un patient croit possible peut se réaliser, non ?
La croyance est l’enclos du champ des possibles : elle délimite ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.
Connaissez-vous cette célèbre citation de Mark TWAIN : « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. » ?
La croyance va donc avoir une incidence directe sur notre environnement, nos comportements et nos capacités.
Une croyance est une perception subjective, une pensée irrationnelle que nous croyons vraie et logique car elle a été vérifiée et renforcée par l’expérience. D’une certaine manière, on peut dire que tout est croyance. En d’autres termes, la croyance a la particularité de s’auto-vérifier et de se renforcer par elle-même (généralisation).
Le sentiment de vérité cimente nos croyances. Tant qu’on cherche encore à savoir si quelque chose est vrai ou pas, ce n’est pas une croyance.
Une croyance peut être positive (ou aidante), comme par exemple être persuadé d’être doué pour prendre la parole en public, cette croyance rendant effectivement l’exercice plus simple…ou limitante, comme par exemple être persuadé que les gens sont méchants, ce qui ne facilite pas les échanges en société.
En outre, la croyance nous fait nous comporter d’une manière qui favorise l’apparition de situations qui vont renforcer la croyance. C’est un cercle vicieux : Je crois X – il survient X – cela renforce ma croyance en X – qui survient de plus en plus souvent – ce qui renforce d’autant plus ma croyance en X – et provoque d’autant plus de X…
Les croyances sont pourtant souvent très utiles. Le cerveau a, en effet, horreur de l’inconnu et la croyance permet de ne pas se trouver démuni face à un événement. Elles nous permettent de généraliser nos apprentissages… jusqu’à ce que ce soit contredit par quelque chose !
Car la bonne nouvelle, c’est que les croyances sont évolutives et que nous en changeons en permanence. Cela permet par exemple de passer un jour d’un « Je serai grosse toute ma vie » à un salutaire « Je sais que je peux mincir durablement ».
La croyance « Ça ne changera jamais » est bien souvent la plus importante à attaquer car c’est celle qui chapeaute les autres.
Pour changer, il faut croire que cela est possible, c’est-à-dire penser que l’objectif est réaliste et qu’on est capable de l’atteindre.
Si on croit le contraire, point de salut possible…Cela s’applique au développement personnel comme à la guérison !
Mais puisque nous sommes persuadés qu’une information est logique et vraie, même si elle nous fait du mal, comment arrive-t-on à changer de point de vue ?
Bien souvent, il est très difficile de persuader une personne avec un discours rationnel et cohérent. Cela peut même s’avérer contre-productif car la personne, en tentant de nous persuader du contraire, s’enferme encore davantage dans son discours et renforce ainsi sa croyance.
La personne doit fissurer elle-même sa croyance pour que cette dernière vole en éclats. Bien souvent, une simple question pertinente d’un interlocuteur averti suffira pour que la personne voie les choses d’un autre point de vue.
Plusieurs techniques permettent de changer une croyance. La plus connue, et sans doute la plus efficace, est le recadrage. Pour aborder le sujet plus en profondeur, je vous recommande de lire par exemple les livres de Robert Dilts qui a énormément travaillé sur le sujet, ou « Le Recadrage » de Bandler et Grinder.
Je ne vais pas aborder le recadrage dans ce post car ce serait vraiment très long et sans doute incomplet. L’objet de ce post est davantage de présenter la notion de croyances aux lecteurs profanes de ce blog, afin que ces derniers puissent détecter leurs croyances limitantes et les changer pour aller mieux, avec l’aide (ou pas) d’un professionnel.
Pour commencer, c’est assez simple ! Il suffit de lister toutes vos certitudes qui commencent par « Je ne sais pas faire… », « Je suis incapable de… », « Je ne pourrai jamais… », « Je dois…/ Je devrais… », « Il faut…/ Il faudrait…»…
Il y en a beaucoup d’autres mais commencez déjà par celles-là, vous verrez, il y en aura déjà pas mal à traiter !
Au passage, ma dernière phrase est une belle croyance, non ? 🙂